La Police Région Morges vit un véritable tournant. La construction à l’avenue des Pâquis d’un nouvel Hôtel de police pour la fin de l’année 2017 permettra de disposer d‘un outil de travail en conformité avec la loi actuelle.

On parle beaucoup de Morges Gare-Sud, mais le déménagement de la police n’est pas anodin dans le paysage morgien. Et il répond à une réelle obligation. «L’Hôtel de police actuel ne respecte pas les normes imposées par la législation et les exigences cantonales, explique Daniel Buache, président du comité de direction de la Police Région Morges (PRM) et municipal. Et mettre ces locaux en conformité serait impossible. Nous avons donc dû nous projeter ailleurs.»
Car la PRM dispose actuellement d’une accréditation provisoire de l’Etat de Vaud. Ce dernier fixe les obligations qui incombent aux polices
intercommunales dans le cadre de la loi sur l’organisation policière vaudoise. «Nous remplissons tous les critères nécessaires pour une accréditation définitive en termes d’effectifs, d’organisation ou de compétences, explique le capitaine de la PRM Martin de Muralt. Mais il y a un point surlequel le bât blesse: les infrastructures. »

Cinq points à revoir
L’Hôtel de police actuel n’est plus en conformité pour plusieurs raisons principales. Tout d’abord, le nombre de locaux de rétention est insuffisant. «Qui plus est, ils ne répondent pas aux normes puisqu’ils sont trop exigus et ne disposent pas de détecteur incendie », ajoute Martin de Muralt.
Concernant la sécurité des collaborateurs, la situation n’est pas convenable. «On rentre dans ce bâtiment sans aucune résistance, constate Daniel Buache. Il n’existe pas un contrôle d’accès digne de ce nom et la réception ne dispose pas d’un vitrage sécurisé.» Les locaux actuels ne garantissent pas non plus la confidentialité aux usagers. Il n’existe en effet qu’une seule et unique entrée utilisée tant pour les détenus que les personnes qui viennent déposer une plainte ou demander conseil. On peut ainsi croiser une connaissance tout en étant interpellé
et menotté pour un délit. Avec deux accès séparés à l’avenir dont un au sous-sol pour les prévenus, le problème sera résolu. Enfin, il n’existe aucun accès pour les personnes à mobilité réduite. «En raison des escaliers, nous devons prendre les plaintes dans le couloir… Ce n’est pas acceptable et indigne d’un service public», juge le capitaine de la PRM.

En deux temps
Pour résoudre ce problème et se mettre en conformité, le comité de direction de la PRM a procédé en deux temps. «Nous avons tout d’abord fait l’inventaire des locaux pour connaître les volumes nécessaires à l’avenir, explique Daniel Buache. Ensuite, nous avons analysé les différentes variantes possibles à Morges et retenu le site à l’avenue des Pâquis. Nous sommes partis sur une nouvelle construction car les locaux disponibles n’avaient pas la surface nécessaire.» Pour l’heure, la Police Région Morges dispose d’environ 1550 m2 de surfaces brutes. Dans le nouvel Hôtel de police, ce chiffre sera augmenté à 1900 m2, avec l’avantage de regrouper l’ensemble des forces sous le même toit.

Loyer en hausse
Dans ses nouveaux locaux, la PRM sera locataire, comme c’est déjà le cas actuellement. «Nous nous sommes engagés sur un bail à 20 ans avec le constructeur, explique Daniel Buache. Du coup, les six premiers mois nous sont offerts.» Reste que la différence par rapport à maintenant est importante. Il faut dire que la PRM est locataire auprès de la commune de Morges. «Et en plus du loyer de 561 780 fr. par an, nous allons devoir investir dans des équipements liés à l’activité spécifique de la police», note Martin de Muralt. Au final, le loyer devrait
atteindre les 870 000 fr., soit une hausse de 473 818 fr. par rapport à aujourd’hui. Quant au déménagement, il dépendra de l’octroi du permis
de construire. Actuellement, la ville de Morges traite une opposition. «Si cette dernière est levée et qu’il n’y a pas de retard, on peut prévoir une entrée dans nos nouveaux locaux pour fin 2017 ou début 2018.» Ces installations devraient être suivies d’une présence à la gare dans le cadre du projet Morges Gare-Sud. Une antenne de 100 m2 y est en effet prévue pour offrir un service de proximité à la population et disposer d’une visibilité dans un lieu très fréquenté.

Une réorganisation pour être plus efficace

En parallèle du nouvel Hôtel de police et dans un souci de cohérence, l’organisation de la structure a été revue. Qui dit nouvel outil de travail dit également organisation appropriée. «Nous avons mené les deux réflexions en parallèle au nouvel Hôtel de police pour qu’il soit
cohérent avec la nouvelle structure qui va être mise en place», explique Martin du Muralt. Le but: optimiser les fonctionnalités. «Les
services qui interagissent doivent pouvoir le faire de manière intelligente et donc se retrouver dans le même secteur», reprend le capitaine.
La réorganisation s’imbriquera donc parfaitement dans les nouvelles installations de la PRM.

La réflexion a eu lieu sur trois axes. «Nous avons tout d’abord fait une analyse du fonctionnement actuel. Nous avons constaté que certaines tâches avaient été priorisées par rapport à d’autres et qu’il nous manquait du personnel au niveau des cadres, livre Martin de Muralt. Notre mode de fonctionnement ne nous permettait pas d’être dans du prévisionnel et de la planification. Nous n’étions que capables de répondre aux sollicitations, sans conduite proactive.» Impossible dès lors d’anticiper les défis à venir.

La PRM a également fait auditer ses services administratifs. Les propositions d’amélioration ont été prises en compte dans le cadre de cette réorganisation. Tout comme les résultats du séminaire mis en place avec le personnel concernant la circulation des liens entre les employés eux-mêmes et les relations avec la hiérarchie.

Quels changements?

Ces réflexions ont mené à une nouvelle organisation qui sera effective au 1er janvier 2016. Mais la PRM est déjà en phase de transition, même si les locaux actuels ne sont pas idéaux pour mettre en place la nouvelle structure. Concrètement, la PRM a décidé de regrouper toutes les forces opérationnelles sous une conduite unique. Jusque-là, certaines fonctions – assistants de sécurité publique
et unité radar par exemple – étaient affiliées au service administratif.
Un nouveau poste a donc été créé pour chapeauter l’ensemble de l’opérationnel. «Cela permettra d’avoir des synergies plus facilement, explique Martin de Muralt. On pourra par exemple effectuer des contrôles de vitesse aux abords des écoles tout en ayant une présence policière pour sensibiliser les parents.» Tout le travail de secrétariat sera quant à lui rattaché à la direction puisqu’il fournit des prestations
transversales.

Les services généraux seront eux plus techniques. On y retrouvera notamment la police du commerce, la signalisation et l’intendance.
Enfin, les deux réceptions actuelles n’en formeront plus qu’une. «Cela évitera de renvoyer les gens d’un bâtiment à l’autre comme c’est le cas à présent», se réjouit Martin de Muralt.

La police en pleine mutation